Du 3 au 28 février 2025 aura lieu, à la Bibliothèque Marie Curie de de l’INSA Lyon, l’exposition d’art scientifique ? Art in la Doua ?. Réalisé par des doctorants et post-doctorants de l’ILM, ce projet réunit des ?uvres scientifiques d’une dizaine de laboratoires de la Doua pour porter un autre regard sur leur travail de recherche. Nous avons rencontré Vladimir, Camille et Chloé, à l’initiative de cette exposition.
? Sophie Rome - Macrophage sunrise - CarMeN
Comment est né ce projet ?
Camille : à l'origine, nous avons discuté de l’idée de faire une exposition lorsque l’on s’est rencontré avec Vladimir au café des nouveaux entrants à l’ILM. Il avait déjà participé à des expositions d'art scientifique avec ses propres ?uvres et a même organisé des expositions artistiques dans d'autres domaines.
Vladimir : Je trouve que c’est intéressant en tant que chercheur de s’intéresser à l’art et d’essayer de lier les deux. ?a donne une autre perspective à la recherche et à notre travail. Et puis l’idée était aussi de réunir des chercheurs autour d’un événement commun.
Quelles ont été vos inspirations ?
Vladimir : on s’est inspiré de l’exposition Figure 1A, une exposition art-science internationale qui se déroule en Suisse. On a d’ailleurs eu la chance de pouvoir discuter avec Veneta Gerganova, la fondatrice de Figure 1A, qui nous a donné des conseils et des idées sur l’approche, la méthode et l’organisation de ce projet.
Camille : Veneta a d’ailleurs accepté de faire partie du jury de sélection des ?uvres. Ses retours étaient très enthousiastes. Elle a vraiment apprécié la qualité des ?uvres proposées.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les ?uvres sélectionnées ?
Chloé : nous avons eu 68 soumissions de la part d’une quarantaine de personnes aux profils variés. Nous avons re?u des propositions d’étudiants de Master, de doctorants et post-doctorants, chercheurs, ingénieurs, techniciens… 14 laboratoires ont participé, couvrant plusieurs disciplines en sciences naturelles : physique, chimie, biologie, mathématiques… Au début, on a eu un peu peur, car ?a a commencé doucement, mais on est très content de l’ampleur du projet.
Vladimir : chaque proposition devait être accompagnée d’une description scientifique et d’une description artistique. Les ?uvres ont ensuite été évaluées par un jury composé de scientifiques et d’artistes sur les aspects scientifique, artistique et esthétique. Au final, nous avons sélectionné 33 ?uvres, parmi lesquelles quatre prix seront remis (Grand Prix, prix de l’attrait esthétique, Prix de la description scientifique et prix de la description artistique). Pendant les deux premières semaines de l’exposition, le public pourra également voter pour décerner deux prix du public.
Le projet s’appelle Art in la Doua. Pourquoi choisir ce lieu pour votre exposition ?
Camille : la doua, c’est le grand campus à Lyon pour les sciences naturelles. ?a nous semble donc logique d’exposer ici. L’idée, c’était d’impliquer tous les laboratoires de la Doua et de favoriser les rencontres entre des scientifiques, parfois proches thématiquement, mais éparpillés géographiquement.
Vladimir : C’était aussi plus simple pour nous puisqu’on travaille sur place. Mais ?a n’a pas été facile de trouver un lieu. Jusqu’à ce que la Bibliothèque Marie-Curie accepte d’accueillir notre exposition. L’équipe de la BMC a été très enthousiaste et nous a apporté un soutien immense. Et puis la BMC a choisi comme thème de sa programmation annuelle l’anthropocène, ce qui s’allie très bien avec cette idée de mêler art et sciences.
En quel sens ?
Vladimir : le sociologue des sciences fran?ais Bruno Latour propose, pour résoudre les problèmes globaux de l’humanité, comme les effets de l’anthropocène, de réunir sciences, arts et politique.
La science fournit des preuves et des vérifications des activités humaines, mais pour rendre ces faits scientifiques accessibles, selon Bruno Latour l’appel à l’émotion, par exemple gr?ce à l’art, est essentiel. Il y ajoute également une dimension politique, nécessaire pour créer des changements.
Notre approche s’inspire, modestement, de cette idée de Bruno Latour, en proposant à des scientifiques d’amener un regard artistique sur leur travail de recherche.
Camille : la plupart des ?uvres ne sont pas liées à l’anthropocène, mais s’inscrivent dans cette idée de réunir art et sciences, avec l’envie de porter un regard artistique sur le travail de recherche, pour réunir ces deux mondes et donner au grand public un accès plus large à de la science.
Une fa?on de faire rayonner la culture scientifique…
Camille : il y a encore un fossé entre la culture telle qu’on l’entend généralement (thé?tre, danse, expositions), et les sciences qui sont encore parfois trop cantonnées à l’espace de leurs laboratoires, avec peu de passerelles entre les deux. Cette exposition s’inscrit dans cette dynamique d’intégration des sciences dans la culture à l’UCBL.
Vladimir : ? l’inverse, les activités scientifiques prennent peut-être trop peu en compte la dimension émotionnelle, irrationnelle de l’humain. Ce n’est effectivement pas toujours facile de réunir les deux, mais on voulait essayer d’amener les chercheurs sur ce terrain-là, de les sortir de leur zone de confort.
Chloé : justement, parmi les retours que l’on a eus, la description artistique était un exercice difficile. Pour certains, c’était la première fois qu’on leur demandait de faire démarche. C’était difficile d’écrire pourquoi ils trouvaient leur résultat beau, quelles images cela leur évoque… Mais au final, le rendu est très positif.
Quelles aides avez-vous re?ues pour ce projet ?
Chloé : La BMC nous a prêté les locaux pour l’exposition et nous a beaucoup aidé sur la muséographie. Ils nous prêtent aussi la salle de conférences pour le vernissage. Nous avons aussi re?u des soutiens financiers de la part du CNRS, du CROUS, du département de physique de l’UCBL et de la CVEC UCBL pour les impressions des ?uvres et des catalogues, des supports de communications, des prix ou encore du vernissage. Nous les remercions chaleureusement pour leur précieux soutien, sans lequel ce projet n'aurait pu voir le jour.
Un dernier mot ?
Vladimir : un grand merci à toutes les participantes et tous les participants de l’exposition pour leurs contributions exceptionnelles, qui ont fait la partie indispensable de cet événement. Nous espérons que l'exposition sera un succès et qu'elle attirera de nombreux visiteurs, tant de l'université que de l'extérieur, pour faire découvrir d'une autre manière le travail mené dans les laboratoires.
L'équipe de ? Art in la Doua ? - ? ?ric le Roux